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Le carnaval des animaux

 

Introduction : 

   L’animal n’est-il pas pauvre en monde comme le prétend Heidegger dans les Concepts fondamentaux de la métaphysique ? Autrement dit l’animal serait incapable de configurer des mondes, et donc de fabriquer des artifices, voire d’inventer des cultures, des spectacles ou autres divertissements.

   Dans cette perspective, comment pourrions-nous envisager un carnaval des animaux ? Car enfin, un carnaval suppose une mise en scène artificielle par laquelle des êtres se donnent en représentation ; un carnaval est le fruit d’une invention culturelle : le carnaval est une recréation ou reformulation du monde ; imagine-t-on les animaux s’inventant des masques pour parader et jouer des rôles qui ne correspondraient pas à ce que leur dictent leurs instincts ? De sorte que l’idée d’un carnaval des animaux nous apparaît bien étrange : n’est-ce pas là un abus de langage ? N'est-ce pas une projection illusoire par laquelle l’être humain prête des intentions à l’animal ?

   Mais l’expression « carnaval des animaux » n’est pas nouvelle ; elle est employée par exemple par le compositeur Saint-Saëns en 1885 qui, dans sa suite musicale Le Carnaval des animaux, célèbre, par les jeux des instruments à cordes ou à vent, l’entrée triomphante du lion ou encore le chant du cygne. Le carnaval des animaux serait donc bien une invention humaine pour faire défiler dans leur imaginaire les animaux, en vue de leur rendre hommage. Sauf que cette vision est trop optimiste : l’animal y subit une mise en scène forcée qu’il n’a pas souhaitée ; il apparaît déguisé, enfermé dans des caractéristiques que l’être humain lui attribue : la ruse pour le renard, l’irritabilité pour le sanglier, l’indolence pour le bœuf, la méchanceté pour le serpent ; l’animal devient par conséquent, sous l’effet de la création artistique que constitue le carnaval, une bête de scène. Il n’est pas appréhendé pour lui-même, il est pris au piège du ridicule, si bien que le carnaval des animaux célèbre moins l’animal qu’il manifeste sa soumission à l’égard de l’humain. Ainsi le carnaval des animaux conduit à exercer une violence contre les animaux mêmes.

   Dès lors ne faut-il pas renoncer au carnaval des animaux ?

 

Plan : 

  1. L’animal n’est-il pas sans divertissement ?
  2. Ridiculiser l’animal ?
  3. Une mise en scène libératrice ?

 

Conclusion :

   In fine nous découvrons que l’animal se met lui-même en scène, il prend des poses, se métamorphose à la façon du paon lors de parades amoureuses ; il crée son propre carnaval et donc joue avec son image comme pour mieux libérer ses puissances d’être.

   Par conséquent il ne peut pas être question de renoncer au carnaval des animaux ; il n’est pas une expérience mortifère pour l’animal ; les mises en scène carnavalesques ne conduisent pas nécessairement à l’exploitation de l’animal par l’homme ; il révèle davantage la supériorité de l’animal sur l’homme.



26/09/2020
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