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Cours sur la Mémoire - Synthèse de l'Introduction

 

 A) Plan :

  1. Une mémoire douloureuse ?
  2. La mémoire ou des mémoires ?
  3. Les vertus de la mémoire
  4. D’où s’édifie la mémoire ?
  5. Les abus de la mémoire.
  6. Les questions problèmes.
  7. Plan proposé.

 

B) Références :

  •     Bergson, Matière et mémoire.
  •     Magritte, La mémoire (1948).
  •     Nietzsche, Crépuscule des idoles
  •     Platon, Ménon.
  •     Ricœur, La Mémoire, l’histoire, l’oubli

 

C)La mémoire en question :

 

  • Nous avons émis un doute concernant la fiabilité de la mémoire. Celle-ci ne nous détourne-t-elle pas du vrai ? La mémoire n’est en effet qu’une réécriture du passé, et elle n’est pas un témoin pleinement fidèle des faits et événements du passé. Plutôt que de parler de vérité ne vaut-il pas mieux utiliser l’idée de fidélité (concept plus moral que scientifique) ? La mémoire peut-elle être alors un outil de connaissance ? Il faut pourtant mettre en évidence que la mémoire est à la fois requise et sollicitée par tout un ensemble de savoir, de discours, de sciences. Elle participe à l’édification des sciences. Et sa place est telle que la science elle-même s’interroge sur ce qu’elle est, sur son utilité, sur sa fonction. Elle devient alors objet de science ; se construit ainsi toute une épistémologie de la mémoire qu’il nous faut étudier. Sauf que la mémoire résiste à se laisser définir, catégoriser. Une science de la mémoire est-elle possible ?
  • Nous avons émis un autre doute concernant l’usage que l’on peut faire de la mémoire ; les sociétés instaurent des lieux de mémoire, et de ce fait, sanctuarisent la mémoire. Celle-ci est alors soumise à des règles, des normes, des obligations qui la figent dans des représentations autoritaires. Des devoirs de mémoire se trouvent instituées, et la mémoire apparaît dès lors sous l’emprise de la morale et de la politique. Pour le meilleur ou le pire ? Pour le pire lorsque la mémoire collective exerce sur les consciences individuelles une autorité aliénante, lorsqu’elle est, par exemple, régentée par le droit de façon autoritaire ; pour le meilleur, lorsque la mémoire permet à l’être humain de s’inscrire dans un monde commun, l’éduque à l’idée d’humanité, rend possible le passage de nature à culture. Quelles morale et politique de la mémoire ?
  • Nous émettons un autre doute quant à la possibilité pour la mémoire de libérer l’homme. La mémoire sait se faire exclusive, jusqu’à épuiser les autres facultés de l’être humain. Un homme hypermnésique est un être enfermé dans l’immobilité du temps présent ; il n’existe plus, ne se projette plus dans le monde. En même temps, un être humain sans mémoire est un être dépourvu d’identité, sans aucune continuité existentielle. La mémoire est donc nécessaire à l’existence humaine, nécessaire à sa puissance d’être ; mais il s’agit de trouver un juste milieu pour que celle-ci ne le paralyse pas dans ses expressions et développements personnels. Une mémoire devient écrasante à en juger par les tensions que l’on peut rencontrer entre le pardon et l’oubli. Entre pas de mémoire ou plus de mémoire (comme en témoignent les maladies de la mémoire) et trop de mémoire, un chemin existe-t-il ? Un rapport équilibré et éthique à la mémoire est-il possible ?
  • Mais la mémoire n’est pas une simple faculté qui permet de conserver et de rappeler quelques souvenirs engrangés ; elle est plus que cela. Elle a une force poétique et esthétique qui doit prolonger notre réflexion éthique. La mémoire a été un sujet de réflexion pour l’art qui la met en scène – on peut bien se demander si cette mise en scène qui parois embellit la mémoire, qui parfois la ridiculise, ou se moque d'elle, n'offre pas une image faussée de la mémoire. L’art offre certes un regard détourné sur la mémoire, mais ce regard enrichit la lecture que nous pouvons en avoir. La mémoire est pleine de ressources spirituelles, elle élève l’homme vers les hauteurs de la métaphysique (comme en témoigne la réminiscence proustienne). Nous aimerions ainsi montrer, suivant cette dimension esthétique, que  la mémoire est un chemin de liberté pour l’être humain. Pour une esthétique et une métaphysique de la mémoire.

 

D) Quelques citations :

 

  • « Ainsi, immortelle et maintes fois renaissante l’âme a tout vu, tant ici-bas que dans l’Hadès, et il n’est rien qu’elle n’ait appris ; aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que, sur la vertu et sur le reste, elle soit capable de se ressouvenir de ce qu’elle a su antérieurement » Platon, Ménon, 81b.

 

  • « Appris à l’école de la vie : ce qui ne me tue pas me fortifie. » Nietzsche, Le Crépuscule des idoles.

 

  • « Ce n’est donc pas avec la seule hypothèse de la polarité entre mémoire individuelle et mémoire collective qu’il faut entrer dans le champ de l’histoire, mais avec celle d’une triple attribution de la mémoire : à soi, aux proches, aux autres. » Paul Ricœur, La Mémoire, l’histoire, l’oubli


10/09/2018
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