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Suivre ses désirs - Correction de la dissertation

 Introduction

     « Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain (collecteur d’impôts). Il lui dit : « suis-moi ». L’homme se leva et le suivit » lit-on dans l’Evangile de Matthieu (9, 9-13). Nous imaginons ainsi Matthieu abandonnant sa vie sociale et toutes les exigences qui l’accompagnent, et suivre, sans autre forme de procès, l’appel de Jésus. Sait-il seulement où Jésus le conduit ? Non ! Il le suit de façon aveugle, en toute confiance.

     S’agirait-il pour autant de suivre ses désirs avec la même foi que celle de Matthieu ? Nos désirs seraient-ils des messies ou des prophètes du bonheur que nous pourrions suivre sans jugement préalable ? La comparaison apparaît audacieuse : qu’auraient donc de prophétiques nos désirs ? Ils sont, avant toute autre chose, des impulsions et penchants sensibles qui visent des plaisirs faciles et fugaces. Si bien que suivre ses désirs reviendrait à s’abandonner à cette vie facile, à se laisser porter par ses appétits sensuels et matériels pour obtenir des satisfactions immédiates. Cela alors pourrait ressembler au genre de vie que recommande Calliclès dans le Gorgias de Platon : éprouver toutes les formes de désir et les assouvir. Suivre ses désirs apparaît comme un acte insouciant et plaisant. Comprenons ainsi que le verbe « suivre » implique un rapport de confiance entre soi et ses désirs ; mais, cette confiance apparaît problématique, dans la mesure où il s’agirait pour l’homme de confier son sort à un affect comme le désir qui n’est peut-être qu’une force impulsive, en quête de réplétion – n’est-ce pas pour l’homme devenir une simple force désirante, sans user de sa raison et de sa puissance de réflexion ?

     Nous observons dès lors que suivre ses désirs, c’est considérer les désirs comme des modèles, comme s’ils étaient nos guides. Lorsque nous suivons un chemin déjà tout tracé, nous nous inscrivons dans les pas de quelqu’un qui nous précède. Nous viendrions donc à la suite de nos désirs. Cela signifie précisément que nous faisons de nos désirs les maîtres de notre existence ; ils seraient nos tuteurs qui traceraient notre chemin, quelles que soient leurs formes : désirs sensibles, désirs de connaissances, désirs spirituels ; il nous faudrait les écouter religieusement nous enseigner leur bonne parole. Mais comment savoir si tel désir est un bon maître ou un séducteur qui souhaite nous conduire sur de mauvais chemins. Le serpent de la Genèse a-t-il bien guidé Eve ? Il faut dire que les désirs ont une puissance physiologique immense ; ils emportent tout sur leurs passages, dès lors que l’être humain laisse parler en lui ses appétits. Il y aurait donc à redouter cette puissance des désirs, dès lors qu’on s’abandonne à eux. Par conséquent suivre ses désirs prendrait la forme d’une abdication de la part de l’être humain : celui-ci se laisserait gouverner par ses désirs qui finiraient par se jouer de lui. Suivre quelque chose ou quelque être, n’est-ce pas en définitive s’aliéner à cette chose ou cet être ?

     Dès lors nous doutons de la pertinence d’un comportement qui nous ferait suivre nos désirs. Est-ce bien la meilleure façon de se rapporter à eux ? N’est-ce pas le signe d’une folie ? Pour répondre à cette difficulté, nous proposons trois axes de réflexion : qu’y a-t-il d’insouciant à suivre ses désirs ? Mais en les suivant, l’être humain ne risque-t-il pas de se laisser tyranniser ? Suivre ses désirs a-t-il alors encore un sens moral pour l’homme ?

 

Conclusion 

     Nous comprenons bien le sens moral, pour l’homme, de suivre ses désirs ; suivre suppose une ascèse : il s’agit que l’être humain prenne soin de sa force de désirer, de telle sorte qu’il réponde à une aspiration qui le porte essentiellement et qui est de se réaliser comme être raisonnable. C’est par la raison que l’homme accompagne sa faculté de désirer ; il la suit de près pour qu’elle ne prenne pas les commandes de son être.

     Par conséquent, suivre ses désirs n’annonce pas nécessairement l’abdication de l’homme à se gouverner lui-même ; l’être humain entretient tout au contraire sa force de désirer pour la rendre plus intelligente et plus spirituelle. Suivre ses désirs est donc une attitude heureuse qu’il nous faut adopter.



04/02/2020
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