Représenter le corps - Chapitre 4 : synthèse.
I. Plan du cours :
Introduction : Condamner la représentation du corps ?
1. Le corps de l’artiste.
2. Pour une physiologie de l’art.
3. L’idéal mathématique du corps harmonieux.
4. La grâce du corps.
5. La chair de l’art.
6. Le corps sublime.
Conclusion : Le corps représenté, un corps qui instruit l’être humain.
II. Notions clés :
Analogie : c’est l’identité du rapport unissant deux à deux les termes de deux ou plusieurs couples (la proportion mathématique). C’est l’identité du rapport entre des êtres et des phénomènes.
Art : technê en grec et ars en latin. Tout procédé utilisé en vue d’une production artisanale ou artistique. Dans le second cas les techniques utilisées visent à satisfaire les sentiments esthétiques et artistiques.
Beauté intelligible : Beauté des formes intelligibles qui donne sens à la beauté sensible. Beauté harmonieuse. Beauté objective, extérieure au sujet comme idée ; beauté transcendante.
Beauté idéale : Beauté éternelle, intemporelle, incarnant la perfection. Modèle objectif, archétype de toute beauté.
Beauté sacrée : beauté divine, beauté de l’infini divin, beauté parfaite – beauté de toutes les beautés selon Augustin.
Beauté comme grâce : la beauté splendide, celle qui resplendit, qui diffuse une lumière spirituelle.
Beauté objective : beauté comme harmonie, ordre, symétrie, summetria, composition, accord – vers la beauté apollinienne : beauté de la mesure, de la belle apparence.
Beauté intérieure : beauté de l’âme, soit en un sens moral (âme vertueuse – kalos kagathos – la beauté comme excellence, comme justice), soit en un sens intellectuel (conversion intellectuelle du regard de l’âme vers des réalités intelligibles).
Beauté naturelle : beauté du monde, du cosmos comme harmonie. Beauté de la nature (vivants, paysages). [ A distinguer de la beauté artistique.]
Beauté sensible : une beauté accidentelle, contingente, fragile et éphémère – beauté des corps (corps bien proportionné) marquée par la finitude.
Beauté subjective : beauté comme phénomène qui apparaît à la conscience (imagination) comme belle forme représentative – non pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose. Cette représentation de la beauté donne naissance à un jugement de goût de réflexion et produit un sentiment de plaisir dans le sujet, plaisir qui a une dimension universelle : « Schön ist das was ohne Begriff allgemein gefällt. »
Beauté artistique : beauté comme production artistique, fruit du travail de l’artiste. Cette beauté n’est-elle qu’imitation de la nature ? Ou l’artiste a-t-il reçu une inspiration divine, intellectuelle ou spirituelle qu’il exprime dans une œuvre d’art ? La beauté artistique est par exemple supérieure à la beauté naturelle selon Hegel puisqu’elle est la manifestation sensible de l’esprit.
Beauté dionysiaque : Beauté de l’ivresse, de la force de vie, de la démesure.
Beauté aristocratique : la vie n’est-elle pas le plus grand des arts ? Nécessité du dandysme, de l’élégance pour s’isoler du vulgaire. La mode joue un rôle décisif (goût pour les étoffes, pour les bijoux – la beauté comme costume : le dandy crée sa propre mode pour se distinguer des autres. Il cultive sa différence, à la recherche du rare, de l’exception, de l’exceptionnel. La beauté se fait spectacle.
Beauté excentrique : la beauté réside dans la provocation, la transgression, dans l’imprévisible, dans le convulsif. Non plus la beauté apollinienne faite d’harmonie, d’ordre, de mesure, mais la beauté dionysiaque, beauté par laquelle l’homme ne suit pas des règles morales, mais épouse ses désirs, affirme sa volonté de puissance (une beauté hédoniste).
Beauté du mal : Oscar Wilde écrit dans Le Portrait de Dorian Gray : « Parfois le mal n’était plus à ses yeux qu’une méthode lui permettant de réaliser sa conception de la beauté. » Ce qui se met en place est une esthétique du mal : Dorian est attiré par des expériences de dérèglement, comme attiré par l’envers de l’infini (a rebours de l’idéal platonicien). Et pourquoi ? Pour se jouer de la mort. La beauté veut ignorer la mort, la méprise et cherche à la tromper. Mais comme Némésis dans les Métamorphoses d’Ovide punit Narcisse, le portrait triomphe de Dorian, le tue – l’âme l’emporte sur la beauté corps (sur la religion esthétique) qui n’a pas pu tromper la mort. C’est la conscience morale qui l’emporte (la religion chrétienne, la beauté morale) sur la beauté accidentelle du corps et sur la beauté du diable.
Bien : concept normatif, comme le beau pour l’esthétique et le vrai pour la logique ; il signifie ce qui est jugé conforme à l’idéal moral.
Bonheur : la satisfaction de toutes nos inclinations ; il constitue pour les doctrines eudémonistes la fin de l’action humaine accomplie par vertu.
Catharsis : désigne la purgation, l’évacuation des humeurs morbides du corps (Hippocrate). Terme utilisé par Aristote pour désigner l’effet de purgation des passions (terreur et pitié) produit sur les spectateurs pour une représentation tragique.
Contemplation : théôria en grec qui désigne un voir intellectuel et qui implique un transfert du visible à l’intelligible, des apparences aux idées ; la contemplation est l’aboutissement de l’activité théorique de l’esprit.
Cosmos : mot grec qui désigne le monde, l’ordre, la parure et la beauté. Le cosmos est conçu comme un tout ordonné et harmonieux par opposition au chaos.
Esthétique : théorie de la sensibilité, puis depuis 1750 (Baumgarten, Aesthetica) théorie de l’art et du beau. Discipline philosophique ayant pour objet les jugements d’appréciation lorsqu’ils s’appliquent au beau et au laid.
Génie : Le génie produit-il la nature ? Il est celui qui engendre, qui produit ; il crée comme la nature ; en ce sens, l’art est un analogon de la nature.
Grâce : Charis, mot grec qui signifie ce qui brille, ce qui réjouit ; c’est le charme, la joie et le plaisir. La grâce n’est-elle pas la beauté de la beauté?
Harmonie : assemblage, convenance, concordance, correspondance.
Idée : ideîn en grec signifie voir. Est synonyme de conception, de notion. Pour Platon : essence ou forme intelligible, éternelle et immuable dont participent les choses sensibles et que l’âme aurait contemplé avant d’être incarnée.
Image : reproduction d’un objet sensible. L’image est un reflet, une copie d’une réalité sensible.
Imitation : mimesis en grec. Copie d’une réalité extérieure. La mimesis est passive ou active – passive, elle reproduit une réalité extérieure ; active, l’imitation artistique supplée la nature, accomplit ce que la nature n’a pas pu mettre en œuvre.
Mythe : muthos mot grec qui signifie parole, discours. Récit non vérifiable, récit imaginaire mettant en scène des personnages ayant pour fonction d’incarner de manière symbolique des forces naturelles, des qualités physiques ou morales, des facultés intellectuelles. Usage philosophique : expression allégorique d’une idée qui autorise parfois mieux que le discours rationnel, sa compréhension.
Ontologie : science de l’être.
Profane : mot latin : pro-fanum qui signifie devant le temple. Ce qui se tient devant le temple, en dehors de lui.
Sacré : sacer (latin) : qui ne peut être touché sans souiller ou être souillé. Objet de culte dédié ou relatif aux dieux.
Sensible : ce qui est perceptible par le sens.
Sublime : du latin sublimis : « qui va en s'élevant » ou « qui se tient en l'air »1) ; le sublime désigne une chose grandiose et impressionnante (renversante), qui ne peut pas être perçue ou comprise immédiatement. Comme concept esthétique, le sublime ce qui transcende le beau. Le sublime est lié à l'incommensurable (l’imagination ne peut pas produire une représentation complète). Le sublime déclenche une crainte (au contraire du beau qui apaise), un déplaisir et peut inspirer le respect.
III. Références clés :
Aristote, Physique / Poétique.
Bergson, Le Rire.
Kant, Critique de la Faculté de juger.
Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit.
Nietzsche, Le Gai savoir.
Piles, Dialogue sur le coloris.
Platon, La République.
Plotin, Ennéade, VI, 9.
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et représentation.
Thérèse d’Avila, Le Château de l’âme.
Valéry, Eupalinos.
IV. Sujets de dissertation :
- Le corps sublime.
- L’incarnation.
- La chair du monde.
- Représenter le corps.
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