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Prologue et Introduction du Cours sur L'Animal

Prologue : Éloge de l’animal.

 

A) Argument :

   Pratiquer, avec Montaigne, une ironie critique à l’égard de l’humain qui se croit supérieur à l’animal. Il se pourrait que ce dernier fut plus ingénieux, plus efficace, plus sage que l’être humain. Se découvre alors dans le fil du texte de Montaigne, en particulier dans « L’Apologie de Raymond Sebond », un animal mathématicien et épicurien.

 

B) Citations extraites de « L’Apologie de Raymond Sebond», Essai II, 12 de Montaigne :

 

  • « Il y a une pareille société entre le petit oiseau qu’on nomme le roitelet, et le crocodile ; le roitelet sert de sentinelle à ce grand animal ; et si l’ichneumon , son ennemi, approche pour le combattre, ce petit oiseau, de peur qu’il ne le surprenne endormi, va de son chant et à coup de bec l’éveillant et l’avertissant de son danger; il vit des demeurants  de ce monstre qui le reçoit familièrement en sa bouche, et y recueillir les morceaux de chair qui y sont demeurés ; et s’il veut fermer la bouche, il l’avertit premièrement d’en sortir, en le serrant peu à peu, sans l’étreindre et l’offenser », Montaigne, Essai II, XII .

 

  • « Quand je joue à ma chatte, qui sait, si elle passe son temps de moi plus que je ne fais d’elle »

 

  • « On récite d’un tigre, la plus inhumaine bête de toutes, que, lui ayant été baillé  un chevreau, il souffrit deux jours la faim avant que de le vouloir offenser, et le troisième il brisa la cage ou il était enfermé, pour aller chercher autre pâture, ne voulant prendre au chevreau, son familier et son hôte ».

 

  • « (…) la plus part des arts les bêtes nous les ont apprises : comme l’araignée à tisser et à coudre, l’hirondelle à bâtir, le cygne et le rossignol la musique, et plusieurs animaux, par leur imitation, à faire la médecine ». 

 

  • « Ils (les thons) font toujours leur bande de figure cubique, carrée en tout sens, et en dressent un corps de bataillon solide, clos et environné à l’entour, à six faces toutes égales ; puis nagent en cette ordonnance carrée, autant large que derrière que devant, de façon que, qui en voit et compte un rang, il peut aisément nombrer toute la troupe, d’autant que le nombre de la profondeur est égal à la largeur, et la largeur à la longueur 

 

  • « Les animaux sont beaucoup plus réglés que nous ne sommes, et se contiennent avec plus de modération sous les limites que la nature nous a prescrites ».

 

Introduction

A) Plan :

  1. Objectiver l’animal ?
  2. L’animal et l’humain.
  3. Définir l’animal ?
  4. Pour une critique de la raison animale.
  5. Plan du cours :

                        I.         Physiques de l’animal.

                      II.         Morale de l’animal.

                    III.         Ethique et politique de l’animal.

                     IV.         Esthétique et métaphysique de l’animal.

 

B) Argument : 

   Pourquoi une critique de la raison animale ? Il est certes difficile d’attribuer une raison critique à l’animal – comment savoir s’il fait usage d’une réflexion critique qui lui permet de s’interroger sur ses moyens de connaissances (Que puis-je savoir ?), de questionner le sens moral de ses actions (Que dois-je faire ?), voire de s’interroger sur le sens de son existence (Que m’est-il permis d’espérer ?) ? Mais si la raison « critique », suivant le terme grec Krinein qui signifie « examiner, distinguer, trier, juger après un libre examen », s’entend comme une raison (l’aptitude à réfléchir et à calculer) qui fait preuve de discernement, il est alors  possible d’envisager que l’animal fasse preuve de discernement pour répondre le mieux possible aux problèmes que lui pose la vie. Cependant cette critique de la raison animale concerne l’être humain dans sa relation à l’animal : comment l’humain parle-t-il à l’animal ? Comment s’adresse-t-il à lui ? Quel est donc son comportement face à celui-ci ? Que peut-il espérer de l’animal ? L’animal ne se donne à voir, à penser, à réfléchir que par l’intervention de l’être humain : le rapport à l’animal est donc indirect – d’où la nécessité de soumettre à une raison critique les discours de l’humain sur l’animal et les actions de l’humain vis-à-vis de l’animal pour vérifier leur pertinence et leur légitimité. De là, nous proposons le chemin de pensée suivant : nous partirons du discours de l’homme sur l’animal (avec tous ses efforts de définition), par lequel l’humain exerce une domination (Dominus, le maître de pouvoir)sur l’animal) pour aboutir à une inversion de la relation : n’est-ce pas l’animal qui montre le chemin, à la manière d’un Magister (maître de savoir), à l’être humain, pour lui permettre de mieux comprendre le sens de la vie ?

 

C) Citations :  

« Élohim dit : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance ! Qu’ils aient autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur les bestiaux, sur toutes les bêtes sauvages et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre ! » », Genèse (I, 21-28).

 

« (…) la définition de l’animal, qui est, comme on voit, dès à présent fort imparfaite, et dont l’imperfection s’apercevra dans la suite des siècles beaucoup davantage », Diderot, Encyclopédie, « Animal ».  

 

« (...) par son instinct un animal est déjà tout ce qu’il peut être, une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l’homme doit user de sa propre raison. Il n’a point d’instinct et doit fixer lui-même le plan de sa conduite » Kant, Propos de pédagogie.

 

« Nous savons assez combien il est blessant d’entendre quelqu’un mettre l’homme, sans ménagement et sans que ce soit une image au nombre des animaux (…) Qu’y faire ? Nous ne pouvons pas faire autrement : car c’est précisément en cela que réside la nouveauté de nos vues. », Nietzsche, Par-delà bien et mal (§202).

 

« Tous les animaux sont devenus citoyens de la cité harmonieuse, parce qu’il ne convient pas qu’il y ait des animaux qui soient des étrangers », Péguy, Marcel, Premier dialogue de la cité harmonieuse.

 

« La pierre est sans monde ; l’animal est pauvre en monde ; l’homme est configurateur de monde », Heidegger, Les Concepts fondamentaux de la métaphysique.

 

 

 



25/09/2020
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