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Epistémologie de la mémoire - Textes à l'étude.

Texte 1: Bergson, Matière et mémoire, chapitre III, page 170.   

     

     « N’est-ce pas à la solidité de cet accord, à la précision avec laquelle ces deux mémoires complémentaires s’insèrent l’une dans l’autre, que nous recon­naissons les esprits « bien équilibrés », c’est-à-dire, au fond, les hommes parfaitement adaptés à la vie ? Ce qui caractérise l’homme d’action, c’est la promptitude avec laquelle il appelle au secours d’une situation donnée tous les souvenirs qui s’y rapportent ; mais c’est aussi la barrière insurmontable que rencontrent chez lui, en se présentant au seuil de la conscience, les souvenirs inutiles ou indifférents. Vivre dans le présent tout pur, répondre à une excita­tion par une réaction immédiate qui la prolonge, est le propre d’un animal inférieur : l’homme qui procède ainsi est un impulsif. Mais celui-là n’est guère mieux adapté à l’action qui vit dans le passé pour le plaisir d’y vivre, et chez qui les souvenirs émergent à la lumière de la conscience sans profit pour la situation actuelle : ce n’est plus un impulsif, mais un rêveur. Entre ces deux extrêmes se place l’heureuse disposition d’une mémoire assez docile pour sui­vre avec précision les contours de la situation présente, mais assez énergique pour résister à tout autre appel. Le bon sens, ou sens pratique, n’est vraisem­blablement pas autre chose. »

 

Texte 2 : Jankélévitch, La Musique et l’ineffable, pages 69-70.

     « Le cerveau est la condition générale de la mémoire en ce sens qu’il n’y aurait pas de mémoire s’il n’y avait cerveau – et pourtant les souvenirs ne se répartissent pas, neurone par neurone, dans les circonvolutions de l’écorce ; l’âme, la pensée, la vie et la présence personnelle sont inhérentes à l’existence d’un corps en général – et pourtant l’âme n’est repérable ni ici ni là dans ce corps : l’âme n’est pas localisable mais elle est plutôt présence diffuse, comme cette grâce partout répandue, χάρις ἐπιθέουσα τῷ κάλλει qui habille selon Plotin, la forme sensible de la beauté… L’âme qui s’exhale, comme un parfum, de la présence charnelle en général, et qui s’évade pourtant de toute topographie, l’âme fuyante et ambiguë n’est-elle pas une manière de charme ? L’âme est le charme du corps ! »



28/09/2018
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